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Novembre 2002, une excellent reportage de Christine Clerc pour Le Figaro, auquel je ne reprocherai que l'analyse un peu tirée par les cheveux. Le fait est que Mme Clerc n'est pas sociologue. Mais pourquoi la vérité ne devrait-elle sortir que de la bouche - voire de la plume - des sociologues ? Le problème de Christine Clerc est qu'à l'instar d'à peu près tout le monde, elle saute à pieds joints dans le poncif que serait l'immigration pour en faire la grille unique de lecture du marasme de certaines populations, ce qui est faux.

Les conditions de vie déplorables ? Il faut croire qu'il y a des gens qui s'y sentent à l'aise ! Certains "Roms" vivent-ils plus confortablement en Roumanie ou en Bulgarie ? Ce que l'on constate, c'est que tout cela se passe toujours à quelques encablures de grands pôles urbains, voire carrément dedans. Question : pourquoi diable des Roms ou des Africains optent-ils pour des taudis, des squatts voire des abris de fortune sous des ponts autoroutiers, alors qu'il y a en France des milliers de patelins qui tombent en léthargie, faute d'habitants ?

"Qu'ils soient de droite ou de gauche, tous les élus font le même diagnostic : l'immigration incontrôlée d'étrangers extra-européens est en train de faire exploser le système."

Ça c'est l'avis d'un certain nombre d'élus auxquels C. Clerc emboîte volontiers le pas. Où l'on voit bien qu'"immigration" n'est qu'un euphémisme pour dire "migration vers l'Europe de citoyens africains et asiatiques pour la plupart", les Européens de souche n'étant pas concernés. Sauf que cet avis est erroné, d'abord parce qu'il fait la part belle à un vocable lepénisant, l'immigration étant devenue le fonds de commerce favori des droites nationales de toute l'Europe. Et pourquoi diable des étrangers extra-européens constitueraient-ils un problème ?

Prenons l'exemple de cette cité, déjà évoquée ailleurs :

universitaire

 

Reprenons : cinq mille résidents, plus de cent trente nationalités, donc, énormément d'étrangers extra-européens, forcément... Et alors ? Y aurait-il des problèmes de cohabitation ici, de délinquance, d'incivilités, de tags sur les murs ? Que nenni ! Alors, il est où le problème ? Certainement pas dans la diversité ethnique ou culturelle des habitants. Il faut donc chercher ailleurs, là où ni Mme Clerc ni aucun des élus qu'elle a interrogés n'ont pensé à aller regarder. Ce qui explique, du reste, qu'il y ait si peu d'étudiants de niveau BAC++ dans les cités HLM de France et de Navarre, à croire que les élus de ces villes ont une peur bleue des étudiants.

"Il faut dire la vérité : on ne peut pas régulariser tout le monde, alors qu'on est en train de rater l'intégration de la deuxième génération." Manuel Valls dixit.

Comme preuve que l'immigration n'explique pas tout ! La deuxième génération est bien composée de quidams nés en France, non ? Donc jouissant d'une éducation bien plus française que celle de leurs parents, voire complètement française, si l'on considère un seul critère, celui de la langue dite "maternelle". On n'a pas idée de la proportion de jeunes, notamment Africains, et "issus de l'immigration", comme on dit à la télé ou dans les papiers de Christine Clerc, qui n'ont pas de langue maternelle, autrement dit, ne maîtrisent pas du tout la langue maternelle de leur mère. À partir de quels arguments Manuel Valls va-t-il pouvoir expliquer l'échec d'intégration de quidams n'ayant jamais migré, qui parlent un français sans accent, ce qui contribue à les distinguer de leurs parents, de même que leur scolarisation précoce, dans les mêmes conditions que les Français de souche ? Ces jeunes présenteraient donc un déficit d'intégration à la société française ? Vous êtes sûrs de ce que vous avancez ? Et en admettant que ce soit vrai, en quoi cet échec d'intégration est-il imputable à l'immigration, quand on voit qu'une grosse majorité des habitants de telle cité universitaire sont des étrangers non européens qui, eux, satisfont à tous les critères d'une bonne intégration en France ?

 

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Les enfants de l'immigration en déshérence... Enfants de l'immigration ou produits du modèle éducatif français ?

"Il m'a annoncé qu'il retournait au Mali, en me laissant la garde de trois de ses quinze enfants.". Ça c'est un comportement typique de paysan africain difficilement intégrable à un environnement urbain du XXIème siècle, lui qui vit toujours avec la tête dans son village d'origine.

Pour comprendre ce phénomène, il suffit de se rappeler, par exemple, que dans les foyers de travailleurs du type Sonacotra ou Adoma, hébergeant une écrasante majorité de travailleurs africains, on trouve encore des WC dits "turcs", ce qui veut dire qu'il y a des gens venus en France dans les années soixante, et qui ne se sont jamais faits à des toilettes disposant d'un siège. Donc, pour eux, qui préfèrent s'accroupir, on a aménagé des toilettes turques. Alors pourquoi voulez-vous que ces gens développent une capacité d'adaptation à un environnement urbain sophistiqué, quand le moindre des équipements domestiques d'un logement moderne leur pose des problèmes insurmontables ?

On n'arrive pas à intégrer la deuxième génération ? Mais a-t-on seulement cherché à intégrer ceux de la première génération ? Est-ce que ce n'est pas là que se situerait le problème ?

Christine Clerc ne s'est pas rendue dans la moindre cité universitaire ou université pour élaborer son enquête de manière quasi-exhaustive, ce qui est bien dommage, car sinon elle aurait constaté, de visu, que ce qu'elle décrit ne doit rien à une quelconque immigration, mais tout bonnement à l'inculture de gens qui sont, pour l'essentiel, des paysans. Leur inculture prend la forme d'un gros stock d'atavismes. Ainsi, cette personne qui rentre au Mali en confiant une partie de sa progéniture à un étranger, se comporte exactement comme elle le ferait dans son village africain, dans un contexte de famille étendue à un lignage voire à un clan. Et là, il est d'usage que les enfants migrent d'une case à une autre voire d'un hameau à un autre, les enfants étant à tout le monde (cf. Jacqueline Rabain, L'enfant du lignage. Du sevrage à la classe d'âge chez les Wolofs du Sénégal, Petite bibliothèque Payot, 1994). Tout le monde aura remarqué que plus le niveau intellectuel augmente, et moins les couples ont tendance à avoir des troupeaux d'enfants. L'homme aux quinze enfants est, donc, avant tout un paysan déraciné qui ne comprend pas grand chose aux moeurs sociales d'un pays moderne. Le problème éventuel ne vient pas de ses enfants, mais de lui-même !

       
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