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Mal du siècle ou scandale du siècle ?

C'est un bien beau scandale, en effet, que cette non prise en compte de la réalité de l'obésité par les pouvoirs publics, notamment chez les jeunes. Il faut dire que, pour presque tout le monde, l'obésité se limite au fait d'être gros, c'est-à-dire de manière visible et presque pathologique. Il est vrai qu'un blouson, un pantalon ample voire un anorak permettent de camoufler bien des bourrelets... Et pour avoir pu, ces dernières années, observer attentivement des adolescents attroupés dans la cour de récréation d'un grand lycée, j'avoue avoir été effaré par les rondeurs qu'affichaient déjà un bon nombre d'élèves, parfois très jeunes.

Ce qui fait qu'à mon pointage personnel, j'estime à près de 30 % la proportion des garçons affichant du surpoids, contre 60 % des filles. Et face au surpoids, les adultes affichent la même incohérence que face à l'illettrisme : ils attendent que les choses prennent un tour particulièrement dramatique pour tenter de juguler le mal, c'est-à-dire toujours trop tard ! Et pourtant, le personnel d'encadrement ne manque pas : infirmières scolaires, professeurs d'éducation physique.

 

Du coup, à force de ne pas vouloir constater l'évidence, personne ne prend la mesure de ce syndrome sournois, car tapi sous les vêtements. Et pour bien illustrer le problème, si les adolescents représentés plus haut incarnent la forme la plus avancée de l'obésité infantile, les jeunes filles ci-dessous, pour illustrer une couverture de magazine (Le Monde Mag.), ne sont là que pour représenter (la mode vestimentaire chez) les jeunes de banlieue. Ce qui fait que le journal ne s'est pas du tout intéressé à un détail : à une ou deux exception(s) près, ces jeunes filles affichent, toutes, du surpoids : quand on observe attentivement les images, on voit bien qu'au moins dix d'entre elles sur douze doivent déjà afficher un taux de masse graisseuse voisin de - voire supérieur à  - la limite maximale normalement acceptée. Normalement, à l'adolescence, les filles devraient afficher un morphotype du type "maigre" (cf. Kate Moss ou Charlotte Gainsbourg), or, ici, la plupart sont déjà potelées, comme des personnes de dix ans plus âgées.

Le fait est qu'obnubilé par l'obésité (visible), tout le monde semble passer à côté de quelque chose de bien plus insidieux : les kilos en trop, et dont les sujets concernés auront le plus grand mal à se débarrasser, surtout lorsque ce surpoids s'avère précoce ! (1) Par ailleurs, l'expérience montre que c'est bien dans les couches sociales les moins riches, ou les plus pauvres, que l'obésité et le surpoids font le plus de ravages (2).

Et que dire des gamines figurant ci-dessous, à la droite de chaque image ? Autour de 9 ans pour celle de gauche, contre 11-12 ans pour celle de droite (silhouette absolument mince, mais il y a ce ventre...) ; l'une et l'autre seraient-elles enceintes ?

Question : comment imaginer, une seconde, que les parents de ces fillettes, les professeurs d'éducation physique ou les infirmières scolaires n'aient rien remarqué ?

 
(1) Un kilo de graisse vaut 9000 Calories, quand une heure de jogging modéré vous fait perdre 300 Calories. Il faudrait, donc (en simplifiant), courir une heure chaque jour durant un bon mois pour espérer perdre un seul kilo de gras, mais à la condition expresse d'équilibrer le tout sur le plan alimentaire ! On comprend donc pourquoi il est terriblement difficile de perdre du poids, et ce, d'autant plus que les kilos excédentaires (poids mort) vont rendre la locomotion d'autant plus ardue (quand on est "gros", on a un mal fou à courir ne serait-ce qu'un quart d'heure, or, pour perdre du poids, il faudrait courir une, deux voire trois heures tous les jours...) !

(2) Entendu à la télé : (À cause de l'obésité...) l'espérance de vie d'un jeune Américain qui naît aujourd'hui va être inférieure à celle de son père. (Christophe de Jaeger, médecin, C dans l'air, France 5, 2 novembre 2010.). 

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Pour en revenir à l'opposition filles/garçons en matière d'obésité et de surpoids, en tout cas en France, constatons que, dans de nombreux quartiers populaires, des municipalités ont eu l'excellente idée d'aménager des aires de jeux, malheureusement toujours occupées par des garçons, les filles préférant visiblement  s'avachir devant la télé tout en envoyant des SMS sur leur téléphone portable..., ceci expliquant cela (le surpoids). Ci-dessous, j'ai fait ces photos un jour de congés scolaires, vers 11h30 et en début de soirée pour la dernière photo. Ces gamins étaient arrivés vers 8 heures ce matin-là, et avaient quitté le terrain pour aller manger, vers 12h30, soit plus de quatre heures passées à transpirer. À plus de 250 Calories dépensées par heure, faites le calcul. Il arrive même qu'ils reviennent immédiatement après le repas de midi pour ne s'en aller qu'au crépuscule, ce qui nous fait une dépense énergétique quotidienne frisant les 2000 Calories ! Du coup, ils sont tous très minces

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Même par des températures voisines de zéro, l'aire de jeu était utilisée par les garçons, comme ce jour où le sol commençait à être sévèrement verglacé. Toujours le même topo : un petit groupe d'adolescents qui n'étaient accompagnés d'aucun adulte...

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L'exemple des jeunes photographiés ci-dessus nous livre probablement la solution à la pandémie de l'obésité, notamment chez les jeunes, à savoir la prévention plutôt que la guérison, ce qui passe impérativement par une dépense quotidienne de calories sur des installations comme celle figurant plus haut. Cela dit, il y a des milliers de gamins dans ces quartiers, et des installations comme celle-ci, je n'en connais pas beaucoup ; c'est dire s'il y a encore énormément à faire pour pouvoir occuper tout le monde.

Il reste aux municipalités - parce-que c'est à ce niveau que les choses devraient se passer - de trouver des structures permettant d'occuper tous les jeunes habitant dans leur commune, et ce, sous la forme de l'incitation, car on voit bien que, sur l'aire de jeu ci-dessus, nous avons affaire à des jeunes passionnés de football et capables de venir y jouer par tous les temps. Mais il reste tous les autres, notamment les filles, pour lesquelles on pourrait aménager des salles d'aérobic, de danse classique ou moderne, et pourquoi pas, de GRS (gymnastique rythmique et sportive) ou de hip-hop...? 

Suggestion : et pourquoi les élus locaux (municipalités, conseils généraux, conseils régionaux) n'organiseraient-ils pas un test en grandeur nature consistant à faire relever systématiquement les mensurations de l'ensemble des élèves du primaire et du secondaire de leur circonscription, afin de détecter les cas de surpoids voire d'obésité ? J'estime que cette enquête incombe au premier chef aux élus locaux, car, apparemment, tant les ministères de l'Education nationale que de la Santé ne semblent pas pressés de connaître le fin mot de l'histoire.

Redouterait-on, des fois, des statistiques à l'américaine ?

       
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