Header image  
   
  RETOUR ::
   

Les textes qui suivent (enrichis de l'une ou l'autre illustration plus récente) figurent parmi la masse de documents adressés par mes soins (sur papier d'abord, sur CD-ROM ensuite), entre 1994 et 2005, aux principaux partis et représentants de la classe politique de France et de Navarre, voire au-delà des frontières.

 

Nés en France...

Montreuil-sous-Bois (93), un jour de mars (2005), 13 heures. Je déambule dans les allées de l'hypermarché du centre commercial lorsqu'une jeune fille noire, aperçue dans le magasin deux minutes plus tôt, fonce littéralement dans ma direction et me demande, d'une petite voix : Monsieur, vous pourriez me prêter deux euros ?

Sur le moment, je suis un peu surpris, puis je me tourne vers une plaque vitrée toute proche, pour m'assurer que je n'ai aucune auréole au-dessus de la tête, des fois que le Saint-Esprit aurait décidé de me faire une petite visitation… Pas d'auréole au-dessus de la tête. Pourtant, il a bien fallu que quelque chose incite cette fille à jeter son dévolu sur moi ! Entretemps, j'ai pris mon porte-monnaie, mais il ne contient que des billets. "Désolé !", fais-je.

Elle tourne les talons, lorsque je me ravise :

- Tout à l'heure, lorsque je passerai à la caisse, je te ferai signe et tu récupèreras la monnaie.

On se retrouve à la caisse ; j'ai dû lui "prêter" quatre ou cinq euros. Et j'en ai profité pour prendre des nouvelles de la famille. Son lycée se trouve à Pantin.

– Et qu'est-ce que tu fais à Montreuil à 13 heures, si loin de ton lycée ?

Elle bredouille une raison quelconque ; elle serait venue avec une copine…, bref, ça sent l'école buissonnière à plein nez ! Née en France ; les parents viennent du Sénégal. J'imagine le panorama : père ouvrier, peut-être au chômage ou à la retraite, une ou deux épouses, petit appartement, nombreuse marmaille…

– Et c'est pourquoi, les deux euros ?

Elle me dit que le lycée organise une sortie, et qu'il y a une participation de deux euros par élève. Mais la raison est peut-être ailleurs : dans ce temple de la consommation, elle veut peut-être tout simplement s'offrir une babiole. Quelque part, je me dis qu'il vaut mieux que je lui file un peu d'argent, plutôt que de la voir quitter le centre commercial entre deux policiers.

Ce que cette histoire m'inspire ?

La même impression bizarre ressentie après les agressions récentes de jeunes lycéens parisiens par des loubards venus de la banlieue, pour "casser du blanc", aux dires de certains commentateurs. Ceux-là oublient les coups de couteau échangés entre jeunes de même origine, je pense à l'Euromarché de Sartrouville, et à son vigile (1993 ?) maghrébin, meurtrier d'un autre jeune maghrébin, venu le provoquer sur son lieu de travail (il faut dire que les jeunes des cités, qui se font enrôler comme vigiles, gardiens, "flics", passent automatiquement pour des lavettes, des vendus… aux yeux de leurs congénères), ou encore à ce train de banlieue investi par deux bandes rivales ; il y a eu un mort, gorge tranchée, qui devait s'appeler Coulibaly… ou Diallo, le porteur du poignard s'appelant Diallo… ou Coulibaly (l'un des deux s'appelait bien Coulibaly, l'autre Diallo !) ! Le fait est que, dans le Sahel africain, Coulibaly et Diallo, c'est comme Dupont et Durand, Schmidt et Meier, Ping et Ming, Malinowski et Poniatowski, Karpov et Liadov ! Mais quand un Africain égorge un cousin à 6000 km de leur pays d'origine, nos pourfendeurs de racisme anti-blanc sont aux abonnés absents !

Le problème de la gamine évoquée plus haut n'est pas d'être noire, jaune ou verte, mais d'être pauvre, à une époque où les jeunes de son âge se baladent avec des centaines d'euros d'équipement électronique sur eux (baladeur MP3, téléphone portable dernier cri…). Cette jeune fille m'a "emprunté" quelques euros, mais peut-être que si j'avais été un gamin de son quartier, elle m'aurait menacé d'un rasoir, pour que je lui offre mon argent de poche, mon baladeur, téléphone portable…

Ah, j'oubliais : je lui ai demandé ce qu'elle faisait au lycée.

– Un CAP de coiffure, a-t-elle répondu.
– Ben voyons !,
me suis-je dit intérieurement.

Des jeunes, nés en France, ayant la nationalité française, échouent au collège et se retrouvent relégués aussi bas, dans l'échelle sociale, que l'étaient leurs parents, comme si le sous-développement du pays d'origine les suivait partout et leur collait à la peau. Il est beau, l'ascenseur social !

Á ce propos, je suis tombé, un jour, sur la "bio" qui suit (extrait du magazine étudiant Campus Mag) :

(…) J'avais quelques projets, envie de faire de longues études, de passer un bac littéraire. Quand je me suis retrouvée dans un lycée professionnel à passer un BEP comptabilité-secrétariat, ça a été une grosse déception. Je n'avais pas envie de reproduire la vie de mes parents. J'envisageais autre chose…

Programmés pour atterrir en CAP, BEP... (1), tel est , semble-t-il, le lot des jeunes "issus de l'immigration". À ce propos, voici le genre de papiers auquel on a régulièrement droit dans la presse : "Immigration : le cri d'alarme des maires..." et "Les enfants de l'immigration en déshérence", série de Christine Clerc dans Le Figaro (4-5 novembre 2002). (2)

Excellent travail journalistique de Christine Clerc, mais c'est dans l'analyse que les choses se gâtent : Mme Clerc n'est ni sociologue, ni anthropologue, ni familiarisée avec ces populations qu'elle a fréquentées une fois, pour les besoins de son reportage, avant de passer à autre chose !

Car si elle avait été un peu plus familiarisée avec cette question, elle aurait soigneusement évité de recourir à ce souverain poncif qu'est le vocable "immigration", pour ne pas tomber dans la facilité. Ces gens dont elle décrit l'errance, ce ne sont pas des immigrés, ce sont, avant tout, des paysans déracinés !

Madame Clerc ne doit pas souvent regarder les magazines sportifs à la télévision, notamment les émissions consacrées au football, car, sinon, elle constaterait combien est forte la proportion des Africains au sein des équipes françaises, voire européennes : Eto'o à Barcelone (meilleur buteur), Drogba à Chelsea, Cissé à Liverpool, et j'en passe. En France, il y a les Benjani, Essien, Camara, Luyindula, Ndiaye, Niang…; il n'y a pas une équipe de Ligue 1 ou 2 qui ne s'appuie sur un fort contingent de joueurs africains. L'explication est fort simple : un meilleur rapport qualité-prix. En clair, à valeur égale, le footballeur africain est bien moins coûteux à l'achat (!) que son compère européen : Makelele se plaint de ne pas être payé à sa juste valeur par le Real Madrid ; il s'en va à Chelsea, qui devient champion d'Angleterre, tandis que le Real boit la tasse !

Bref, dès lors qu'ils sont utilisés dans ce qu'ils savent faire le mieux, en l'occurrence, le sport, et pas que le sport (cf. l'Éducation nationale, le CNRS, etc.), les Africains montrent qu'ils s'intègrent très bien dans leur pays d'accueil (3). Les articles du Figaro signés par Christine Clerc ne concernent pas des sportifs, ni des médecins, ni des informaticiens, ni des hommes d'affaires, ni des étudiants…, mais des paysans africains illettrés voire analphabètes. En un mot comme en cent, l'immigration n'a rien à voir là-dedans !

 

Paroles d'experts

Les premiers Turcs émigrés en Allemagne étaient à 90% d'origine rurale. Ils ont eu de gros problèmes en Turquie, lorsqu'ils sont passés des campagnes vers les villes. L'Allemagne aurait dû observer ce problème lorsqu'il a fallu les intégrer. En revanche, la deuxième vague d'immigrants issue de la classe moyenne (urbaine) turque a eu moins de problèmes pour s'intégrer en Allemagne (Vural Öger, Chercheur allemand d'origine turque, Arte, 17 mai 2003).

La troisième génération des Turcs en Allemagne, qui parlent le dialecte de Hamburg mieux que moi, c'est avec ceux-là qu'on a des problèmes (Jens Weidner, criminologue, Arte, 17 décembre 2002).

Ces chercheurs posent très bien le problème que j'évoquais tantôt : les chiens ne faisant pas de chats, les paysans illettrés du Tiers-monde, qui déboulent dans les cités dortoirs des pays industrialisés, s'avèrent presque systématiquement incapables, parce que non outillés intellectuellement pour ce faire, d'élever leurs enfants dans un univers où il vaut mieux être instruit, lesquels enfants deviennent ce qu'on voit partout : petites études, petits boulots, fort taux de délinquance, déshérence, pour s'en tenir à la terminologie de Mme Clerc.

Mais il y a un autre problème soulevé par ces deux chercheurs : le "décalage" entre primo-arrivants et deuxième, troisième générations n'ayant jamais migré. L'exemple le plus spectaculaire en la matière nous vient certainement des Etats-Unis, avec le phénomène des "maras", gangs ultra-violents créés par les descendants de migrants d'origine latino-américaine, notamment salvadorienne : ils sont nés aux Etats-Unis, semblent parfaitement intégrés, notamment sur le plan linguistique, et pourtant...

C'est bien par de jeunes Français, nés en France, que l'hymne national français a été sifflé à plusieurs reprises au Stade de France, non !?

 

Villageois maliens en France ; un chef de village baragouine le Français. Il faut cotiser : 1000 € par homme pour l'école ; il y avait déjà eu 1000 € pour la mosquée ; certains commencent à rechigner.

Commentaire du journaliste : le manque de solidarité des jeunes générations va conduire à des révisions déchirantes (France 3, Paris IDF, 04.11.2004).

Le problème est que la raison la plus communément invoquée pour expliquer l'exode des paysans du Tiers-monde, c'est la volonté d'aider la famille restée au pays. Or, si ce prétexte saute, qu'est-ce que les gens vont pouvoir inventer pour justifier cette auto-déportation (déportation que les gens s'infligent à eux-mêmes) ?

Journal télévisé du 25 mai 2005 : quinze clandestins mexicains meurent de soif dans le désert de l'Arizona…
France : le reporter Grégoire Deniau obtient le prix Albert Londres pour un reportage (Envoyé spécial, France 2) sur les "pateras", barques conduisant des immigrants clandestins entre le Maroc et les Canaries. La traversée a connu un premier chavirage, avec deux ou trois morts.

Les migrants africains paient, paraît-il, un passage de l'ordre de 9000 ex-francs français, soit le salaire mensuel de trente fonctionnaires burkinabé... Et avec le salaire mensuel de trente fonctionnaires burkinabé, on crée un hôtel-restaurant à Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Bamako, Ndjamena… Le fait est que, dans les pateras qui tentent de rallier l'Espagne, il n'y a pas un médecin, pas un informaticien, pas un comptable, pas un ingénieur…, rien que des ploucs illettrés voire analphabètes. L'informaticien indien de Bangalore, qui touche 300 euros de salaire mensuel, sait pertinemment qu'en Europe, aux Etats-Unis, au Canada…, il pourrait être payé dix voire vingt fois plus. Est-ce pour autant qu'il va embarquer dans le train d'atterrissage d'un avion ?

L'indigence d'une politique d'immigration se reconnaît au fait que l'on se contente de reconduire les clandestins à la frontière, voire dans leur pays d'origine, alors que le problème se situe en amont : donnez un peu plus d'instruction aux paysans mexicains (pourquoi tant de clandestins mexicains et si peu de cubains en route vers l'eldorado nord-américain ?), et vous verrez le nombre de migrants clandestins chuter régulièrement. Parce qu'avec un peu d'argent, l'homme instruit va investir dans une activité professionnelle (4), quand le plouc, obnubilé par les mirages de la société de consommation, s'imagine qu'un illettré comme lui peut faire son beurre dans un pays où il ne peut, tout au plus, qu'espérer être relégué au fin fond de l'échelle sociale. On me dira que le fin fond de l'échelle sociale, ici, vaut toujours mieux que le milieu de l'échelle sociale, là !

Alors, imaginons, un instant, que je sois Ministre de l'Intérieur de la France, par exemple. En collaboration avec les ministres de l'Éducation nationale, de l'Agriculture, de la Coopération, j'adresserais aux pays du Tiers-monde, à commencer par les africains, un message simple : aucun quidam ne peut espérer décrocher un visa de longue durée s'il n'a pas un niveau d'études équivalant au BEPC pour les francophones, ou au BAC pour les autres origines.

Ce qui aura pour conséquence d'exercer une réelle pression sur les gouvernants de ces pays, dans le sens d'une amélioration de leur système scolaire : on ne peut plus tolérer de voir certains pays exporter leurs illettrés dans le monde entier, tout en laissant, par leur incompétence, leur système scolaire en déshérence ! Et, au final, ces pays, en tout cas, leur jeunesse, ne peuvent que sortir gagnants de l'affaire.

Mais comme il ne peut pas être question de transformer les pays du Nord en bunkers, on organiserait, pour les paysans du Tiers-monde, un programme que je décrivais en ces termes, dans un précédent "courrier", et auquel je n'ai strictement rien à modifier :

 

Darwin (7 mars 2001, en marge de la campagne pour les municipales)

Les habitants non hispaniques de Floride peuvent dire un grand merci à Fidel Castro, qui leur envoie régulièrement des immigrants de haut de gamme, instruits et lettrés, des gens qui ont un idéal, pour l'immense majorité d'entre eux ; rien à voir avec les demeurés que le Mexique exporte vers les États-Unis, demeurés mais retors ! Parce que la migration clandestine est un sport de haut niveau, face à la meilleure police du monde. Le clandestin qui réussit à entrer aux États-Unis, au nez et à la barbe des fédéraux, celui-là est un dur à cuire, un vrai de vrai, qui vient de traverser un véritable processus de sélection darwinienne : seuls les « meilleurs » ont une chance de passer. Et ces quidams vont pouvoir transmettre tout leur savoir-faire à leurs cadets, voire à leurs enfants, étant entendu que l'élève a vocation à dépasser le maître. Voilà qui explique pourquoi il y a des gangs de jeunes Latinos ultraviolents en Californie, mais pas en Floride, en tout cas, pas dans les mêmes proportions. Et voilà qui montre aussi que le processus ne peut que s'aggraver. (...)

bandes

 

immigration

(...)

Moralité : la régularisation de voyous voyageant sans papiers est un acte dangereux, voire irresponsable, dans la mesure où il ne se projette pas dans l'avenir et ne prend pas en compte une réalité toute simple : les chiens ne font pas de chats ! Celui qui a réussi une fois, deux fois… et s'est installé dans la fraude et le mic-mac, celui-là risque d'engendrer des enfants qui seront bien plus nocifs que leur géniteur. En France, c'est la médiocre qualité des migrants des années soixante et suivantes (dont beaucoup d'illettrés, encore aujourd'hui) qui explique le pourrissement de certaines banlieues, parce qu'entre-temps, ces illettrés ont fait des enfants, qu'ils n'avaient pas les moyens intellectuels d'éduquer ! Ce qui veut dire qu'une sélection drastique des immigrants s'impose. En tant qu'Africain, je me contenterais d'énoncer un principe simple : un paysan n'a rien à faire en ville ! Un paysan arrivant en ville, et non éduqué en conséquence, est un paumé en puissance, qui va "plomber" tout l'avenir de ses enfants ! Et les Africains qui viennent se noyer au large de Gibraltar sont, pour la plupart, des paysans !

Chez eux, ce n'est pas Bamako, Niamey… Chez eux, c'est Dimbokro, à 800 km de Bamako, Barkala, à 560 km de Niamey. Le problème qu'ils posent n'est pas celui de l'immigration clandestine, mais celui de l'exode rural, fusée dont le dernier étage est le saut vers les cités dortoirs de l'hémisphère nord !

La solution ? Très simple : le jumelage !

On prend de petits patelins ruraux, en France, en Italie ou ailleurs, on les jumelle avec des patelins du Mali, Niger…, voire Kurdistan. On fait venir un contingent parfaitement identifié de jeunes de ces villages du Sud, pour se perfectionner dans telle ou telle activité agricole, artisanale, etc. Du coup : les jeunes du Sud peuvent sortir et visiter le Nord ; on sait combien ils sont ; la durée de leur séjour est aussi connue ; et sous l'afflux de cette nouvelle population, de petits villages d'Europe vont pouvoir sortir d'une certaine léthargie… A partir de ce moment, les migrants clandestins n'auront plus aucune espèce d'excuse ; pour eux, ce sera le zéro tolérance ! Un tel système ne présente que des avantages, pour tout le monde !

 

 

(1) Que les choses soient bien claires : Certificat d'Aptitude Professionnelle et Brevet d'Etudes Professionnelles sont des diplômes sanctionnant l'accès à un réel savoir-faire professionnel représenté par de nombreux "meilleurs ouvriers de France". Du reste, tout le monde ne décroche pas aussi facilement un CAP ou un BEP. Le problème se pose lorsque certaines populations (issues de l'immigration) ou catégories sociales (enfants d'ouvriers) se retrouvent ultra-majoritaires dans ces sections d'études. Pour ma part, je ne connais pas de fils ou fille de prof qui ait été orienté(e) vers une section professionnelle !

(2) Une rubrique spéciale sera consacrée à cette série d'articles de Christine Clerc.

(3) Mais je rassure tout le monde : il n'y a pas que le sport et la bamboula ! Et comme je le relève par ailleurs, on trouve des Africains partout dans le monde dit occidental, et parfaitement intégrés : de la Sorbonne au CNRS, en passant par Microsoft ou la NASA, ainsi que dans le monde artistique et littéraire, voire la boulangerie !

boulanger

 

(4) Aboubacar Diop est un ancien de l'Église Saint-Bernard, pour ceux qui se souviennent de cette église occupée par des sans-papiers. Il est aussi le créateur d'une enseigne informatique baptisée Vis-à-vis, ce qui lui a valu de conclure une transaction commerciale de cession de marque déposée avec la multinationale Vivendi. Avec l'argent que lui a rapporté cette transaction, Aboubacar Diop est rentré dans son Sénégal natal pour y faire fructifier ses affaires.


       
Free Web Hosting